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Augustin Trébuchon avec l'aimable autorisation de sa nièce Augusta Augustin Trébuchon
Le dernier tué de la première guerre mondiale
Augustin Trébuchon avec l'aimable autorisation
de sa nièce Augusta Trébuchon

Augustin (Joseph Louis Victorin) Trébuchon est né au Malzieu Forain en Lozère au hameau de Montchabrier le 30 mai 1878. Il habitait au lieu dit Frayssinet. Il était célibataire. Mort officiellement le 10 novembre 1918 car il ne fallait pas de morts le 11 novembre jour de l'armistice. Bien que celui-ci fut signé à 5h du matin, mais avec une prise d'effet à 11h, il semblerait qu'un ordre ait été donné le 11 novembre à 7 heures de reprendre le combat sur la Meuse, ordre suspendu une heure après mais connu plus tard dans la matinée. Porteur d'un ordre de rassemblement, l'agent de liaison Trébuchon du 415e R.I. fut tué par balle à 10h 45.

Augustin Trébuchon - acte de naissance Augustin Trébuchon - acte de décès
acte de naissance
archives départementales de la Lozère
fiche de décès militaire
ministère de la défense

Le nom d'Augustin Trébuchon figure sur les monuments aux morts de deux communes, Le Malzieu Forain au prénom de Victorin et St-Privat du Fau à celui d'Augustin.

Augustin Trébuchon est enterré dans le cimetière militaire de Vrigne Meuse (Ardennes)

Plus de 1,3 million de militaires décédés au cours de la Grande Guerre et ayant obtenu la mention "Mort pour la France" figurent dans la base de données SGA/Mémoire des hommes. Celle-ci a été constituée par la numérisation et l’indexation des fiches élaborées au lendemain de la Première Guerre mondiale par l’administration des anciens combattants et aujourd’hui conservées par la direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives du ministère de la Défense.

Dans cette base on trouve dix Trébuchon dont six nés en Lozère.

L'énigme du dernier tué de la Grande Guerre
Un article paru dans le magazine Le Pélerin le 29/10/2008.

Pourquoi ce silence gêné autour de la personne d'Augustin Trébuchon ? Pourquoi la date à laquelle il a été tué au combat a-t-elle été falsifiée ? Le Lozérien est pourtant bien le dernier Français tué sur le front de l'ouest, le 11 novembre 1918. Pèlerin vous livre son histoire et les clés du secret qui l'entoure.

Au départ de cette enquête, rien qu’une feuille volante que nous procure le capitaine Philippe Roudier du Service historique de la Défense (Vincennes). Elle déroule le récit héroïque des derniers instants de Trébuchon : le dernier Français tué au combat. D’où vient ce récit ? Impossible de le dire avec certitude, d’autant que l’état de services du soldat Trébuchon indique qu’il aurait été tué au combat de la Meuse, le 10 novembre 1918, et non le 11. De surcroît, le Journal de marche de son régiment, le 415e, a disparu…

C’est à Vrigne-Meuse (Ardennes), là où est enterré Trébuchon, qu’on trouve la clé du mystère grâce à l’ancien maire, Georges Dommelier. Ce dernier garde vivante la mémoire des anciens du 415e qu’il a connus et dont il a conservé les discours…

Les dernières heures d’Augustin Trébuchon

Le 8 novembre, Augustin Trébuchon, soldat de première classe, agent de liaison à la 9e compagnie du 3e bataillon au 415e RI, pénètre dans les Ardennes : quinze jours que les 700 hommes du 415e régiment d'infanterie poursuivent « le Boche », à pied. Depuis leur offensive ratée d’août 1918, les Allemands reculent, mais se battent encore.

Le lendemain, la libération de Sapogne-et-Feuchères offre une journée de repos. Le soir, cuisiniers et ravitailleurs colportent une rumeur incroyable : lesAllemands auraient demandé l'armistice ! Ce soir-là, les divisions alliées ne bougeront pas. Qui voudrait se faire tuer maintenant ?

Les Allemands se sont retranchés sur le haut d'une colline de l'autre côté de la Meuse. Ils ont fait sauter ponts et barrages. Côté français, on a laissé le matériel à Châlons-sur-Marne. Le fleuve est infranchissable : on peut être tranquille, enfin ! Cependant, étrangement, le général Gouraud donne ce même jour au 14e corps d'armée (1) l'ordre de « surveiller l'ennemi afin de profiter de toute occasion favorable pour franchir la rivière ». Ce que tentera de faire le 415e RI.

La nuit du 10 au 11 novembre, les hommes sont jetés dans la nuit par moins 6 °C pour grignoter encore un peu de terrain. Avec sa compagnie, Augustin Trébuchon redescend sur Dom-le-Mesnil puis s'engage sur une prairie, saute une écluse, s'engage sur des madriers pour franchir un barrage. Partout, des hommes glissent et se noient dans la Meuse. Partout, des hommes s'écroulent sous les tirs des mitrailleuses allemandes. Grâce au brouillard, au bruit émis par le barrage, « les Boches » ne voient rien, n'entendent rien : ils tirent pour la forme.

La même nuit, les plénipotentiaires allemands sont revenus à Rethondes. Ils acceptent toutes les exigences françaises. A 5 heures du matin, l’armistice est signé. A 6 heures, les volontaires qui se sont risqués à aller chercher la soupe et le « pinard » de l'autre côté de la Meuse, reviennent avec la bonne nouvelle : la guerre est finie.

Finie ? Pas pour tous : à 8 heures, le capitaine du régiment de Trébuchon reçoit l'ordre de poursuivre l’offensive. Mais pourquoi ? Pourquoi envoyer le 415e dans un combat perdu d'avance, 3 heures après la signature de l'armistice ? Par la suite, on dira que cette offensive improvisée avait été lancée pour balayer les dernières hésitations allemandes.

8h45 ! un coup de fil puis, vers 10 heures, un coureur arrive enfin : « Ça y est... signé... fini... » Le capitaine déplie le message et lit ce qu'il a déjà entendu au téléphone : « 9h45. Maréchal Foch télégraphie : 1. Les hostilités seront arrêtées sur tout le front à partir du 11 novembre, 11 heures (heure française) ; 2. Les troupes alliées ne dépasseront pas la ligne atteinte jusqu'à nouvel ordre au jour et heure. Signé : Foch. »

Reste à trouver un clairon. L'agent de liaison Georges Gazareth en connaît un : Octave Delaluque. Il va le chercher, en rampant, car les mitrailleuses allemandes alignent tout ce qui bouge. Au retour, à 10h40, Gazareth croise « un corps tout chaud, sans doute le dernier mort ». Aucun écrit ne mentionne son nom. Il s'agit d'Augustin Trébuchon, tombé 20 minutes avant l'arrêt des combats.

A 11 heures, Octave Delaluque, se dresse à demi, puis tout entier et sonne l'armistice. Des bugles allemands lui répondent. Le silence qui s’en suit n’est troublé par aucune explosion de joie. Chacun est soulagé. Mais depuis l'aube du 10 novembre, le 415e déplore 58 tués et 92 blessés. La 163e division dans son ensemble compte 86 morts et 190 blessés pour la conquête d'une tête de pont sans aucun intérêt stratégique.

Les vétérans de Vrigne-Meuse

Dans sa jeunesse, Georges Dommelier a côtoyé les officiers du 415e. Ils avaient pris l'habitude de se retrouver à Vrigne-Meuse aux alentours du 11 novembre.Parfois, ces anciens poilus évoquaient « ce pauvre Trébuchon ». Georges Dommelier leur demandait alors : « Et sa famille, qu'est-elle devenue ? » - « Ah, mon gamin, on n'en sait rien ! » lui répondaient les survivants.

Devenu maire-adjoint, George Dommelier mène alors sa propre enquête. Il découvre qu'Octave Delaluque - le seul clairon à avoir sonné l'armistice sur le front, en plein combat - est mort clochard, en 1931.Puis il retrouve la trace d'Augusta Trébuchon, la nièce, à qui il apprend que son oncle a très probablement été le dernier Français tué au combat sur le front de l'ouest. C’est l’occasion d’évoquer des souvenirs : Augustin a été « pastre » (berger communal) jusqu'à son enrôlement. Que disait-il de la guerre ? Augusta n'en sait rien.

En revanche, elle se souvient bien qu’Augustin jouait des valses et des bourrées aux mariages, à Saint-Privat ; qu’il devait se marier avec une fille du Liconesse, Hortense Brun et qu’Hortense avait eu une fille, Marie ; qu’elle ressemblait beaucoup à Augustin... Ou encore qu’Augustin n'était venu en permission qu'une seule fois, en 1917. Qu’il disait qu'il ne voulait plus retourner au front et que c’était sa mère qui l'avait poussé à y aller.

Un hommage manqué

Quatre-vingt ans plus tard, le président de la République, Jacques Chirac, et le chancelier allemand, Helmut Kohl, s'annoncent à Vrigne-Meuse pour une commémoration exceptionnelle de ce dernier combat. Georges Dommelier, le maire-adjoint, prépare la cérémonie… Finalement, aucune des personnalités annoncées ne se rendra dans la petite commune.

Trente ans plus tard, le maire-adjoint ressent toujours une cuisante déception : le dernier mort de la Grande Guerre n’a jamais été reconnu par la Nation. Et comme si ce soufflet n’était pas suffisant, la croix blanche du parvis de la petite église de Vrigne-Meuse porte une dernière injustice : « Mort pour la France, le 10 novembre 1918. »

Pourquoi pas le 11, comme le voudrait la vérité ? Pourquoi l'état civil des 21 soldats du 415e RI, tués le 11 novembre, a-t-il été « corrigé » de façon à faire croire qu'ils étaient tombés le 10 ? C'est « un signe qui ne trompe pas » écrit le général Alain Fauveau dans le Casoar (2). Pour le commandement, cette opération aurait été difficile à justifier à posteriori…



(1) Le 415e Régiment d’infanterie appartient à la 163e Division qui fait partie du 14 e corps d’armée de la IV e Armée « Gouraud »
(2) L’organe d’expression des saint-cyriens, avril 2008

Philippe Demenet - Photos : Joseph Melin et l'illustration

Le Pélerincomprendre la grande guerre : chronologies animées, entretiens radio...

textes (sauf article Le Pélerin) : Laurent et Thierry Collet avec le concours en Lozère de Marie Hélène Soubiran.

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